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Loi naturelle et fins surnaturelles

Ils ont résumé cela par le concept de « nouvelle colonisation idéologique » qui menacerait de « détruire la famille africaine ». « Quand on oblige les uns et les autres à adopter des lois abortives, le gender, l’homosexualité, l’euthanasie comme condition pour accéder à des fonds de développement… Nous essayons de respecter la vision des autres. Alors, qu’on nous respecte ! », a ainsi plaidé, mercredi 14 octobre, le cardinal Philippe Ouedraogo, archevêque de Ouagadougou (Burkina Faso). (Le Monde, « Synode sur la famille : les Africains pour le statu quo », 16 octobre 2015.)

Le cardinal guinéen Robert Sarah, préfet de la congrégation pour le culte divin, cité dans le même article, a quant à lui mis sur le même plan « deux bêtes de l’Apocalypse : d’une part, l’idolâtrie de la liberté occidentale ; de l’autre, le fondamentalisme islamique », tous deux partageant selon lui « la même origine démoniaque ». « Ce que le nazisme et le communisme étaient au XXe siècle, l’homosexualité occidentale et les idéologies abortives et le fanatisme islamique le sont aujourd’hui », a-t-il ajouté [1].

Il est trop tôt pour connaître ce que sera la traduction choisie dans les actes pontificaux par le pape François des conclusions, quelque peu embrouillées, du synode sur la famille qui vient de se conclure, et qui ne constituent pas un document du magistère ou disciplinaire. Il est en revanche légitime de se pencher sur les différents points de vue évoqués, à la lumière du Magistère et de la pratique traditionnels de l’Église concernant le rôle de la loi naturelle et son articulation avec la fin assignée par Dieu l’homme : la vision béatifique éternelle dans le Ciel.

Concernant l’ordre de nature, l’homme africain est placé sur le même plan que les autres : il est incapable d’accomplir les préceptes de la loi naturelle, ni même de tous les connaître, sans le secours de la grâce

Les princes de l’Église du continent noir ne le relèvent pas, peut-être parce que cela irait encore de soi pour eux : l’articulation entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel est au cœur de l’économie du salut. Le concile de Trente nous enseigne [2] que sans la grâce actuelle, l’homme déchu ne peut moralement [3], en raison de la blessure que la nature humaine a reçue par le péché d’Adam, ni connaître toutes les vérités de l’ordre naturel, ni accomplir tous les préceptes de la loi naturelle, ni surmonter les graves tentations [4].

Cette détérioration du corps et de l’âme consiste principalement dans l’ignorance, du côté de l’intelligence ; dans le penchant au mal, du côté de la volonté, dans la concupiscence, enfin, du côté de l’union de l’âme et du corps.

Ainsi si la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ ne guérit pas cette blessure, l’homme ne peut, ni faire son salut, ni encore connaître toutes les vérités de l’ordre naturel, ni accomplir tous les préceptes de la loi [5], ni enfin surmonter les graves tentations. L’Apôtre saint Paul nous enseigne pourquoi l’homme succombera nécessairement à ces dernières sans l’aide absolument nécessaire de la grâce de Dieu :

Car la chair a des désirs contraires à ceux de l’esprit, et l’esprit en a de contraires à ceux de la chair, et ils sont opposés l’un à l’autre ; de sorte que vous ne faites pas les choses que vous voudriez. (Ga., V, 17.)

Car je me plais dans la loi de Dieu selon l’homme intérieur ; mais je sens dans les membres de mon corps une autre loi qui combat contre la loi de mon esprit, et qui me rend captif sous la loi du péché, qui est dans les membres de mon corps. Malheureux homme que je suis qui me délivrera de ce corps de mort ? Ce sera la grâce de Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur. Et ainsi je suis moi-même soumis et à loi de Dieu selon l’esprit, et à la loi du péché selon la chair. (Ro., VII, 22-25.)

Sans la grâce, l’homme déchu peut néanmoins connaître quelques vérités de l’ordre naturel, en accomplir quelques préceptes et même vaincre des tentations légères

On observe toutefois tous les jours des hommes qui ne sont pas en état de grâce et qui connaissent pourtant quelques vérités de l’ordre naturel :

Car les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, sont devenues visibles depuis la création du monde, par la connaissance que ses créatures nous en donnent ; et ainsi ces personnes sont inexcusables. (Ro., I, 20.)

Lors donc que les gentils qui n’ont point la loi, font naturellement les choses que la loi commande, n’ayant point la loi, ils se tiennent à eux-mêmes lieu de loi ; faisant voir que ce qui est prescrit par la loi, est écrit dans leur coeur. (Ro. II, 14, 15.)

De même, l’homme hors de l’état de grâce peut accomplir quelques préceptes et vaincre quelques tentations, parce que, comme le relève saint Thomas, la nature humaine n’a pas été totalement corrompue par le péché. Ainsi, contrairement à l’affirmation des protestants, toutes les œuvres des infidèles ne sont pas des péchés [6]

Ces vérités de foi que nous enseigne l’Église catholique sont, bien entendu, d’application universelle : Africains, Européens, tous les hommes sont placés à cette même enseigne, imparfaits mais perfectibles et jamais condamnés d’avance, comme certaines traditions spirituelles puissamment enracinées en Afrique, — animisme, mahométanisme, protestantisme évangélique, — sont à des degrés divers plus enclines à supposer.

Toute transgression volontaire de la loi naturelle, dont l’auteur est Dieu, est un péché

Là où les cardinaux africains ont en revanche absolument raison, c’est sur le caractère absolu de l’obligation d’obéir à la loi naturelle. Comme le relève le catéchisme du concile de Trente, « il est facile de constater que tous les autres Commandements de Dieu dépendent des dix qui furent gravés sur les tables de pierre, si on les examine de près, et si on les entend comme il convient. Et ces dix Commandements dépendent eux-mêmes des deux préceptes de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain, dans lesquels sont renfermés la Loi et les Prophètes [7]. »

Personne ne doit douter que la Loi de Dieu ne se confonde absolument avec la loi naturelle. Le catéchisme du Concile de Trente le rappelle avec précision :

« Il n’est personne en effet qui ne sente au fond du cœur une Loi que Dieu Lui-même y a gravée, et qui lui fait discerner le bien du mal, le juste de l’injuste, l’honnête de ce qui ne l’est pas. Or la nature et la portée de cette Loi ne diffèrent en rien de la Loi écrite, par conséquent il est nécessaire que Dieu, Auteur de la seconde, soit en même temps l’Auteur de la première.

Il faut donc enseigner que cette Loi intérieure, au moment où Dieu donna à Moise la Loi écrite, était obscurcie et presque éteinte dans tous les esprits par la corruption des mœurs, et par une dépravation invétérée ; on conçoit dès lors que Dieu ait voulu renouveler et faire revivre une Loi déjà existante plutôt que de porter une Loi nouvelle. Les Fidèles ne doivent donc pas s’imaginer qu’ils ne sont pas tenus d’accomplir le Décalogue, parce qu’ils ont entendu dire que la Loi de Moïse était abrogée. Car il est bien certain qu’on doit se soumettre à ces divins préceptes, non pas parce que Moïse les a promulgués, mais parce qu’ils sont gravés dans tous les cœurs », et qu’ils ont été expliqués et confirmés par Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même [8]. »

Ainsi le Décalogue est à la fois très naturel, parce qu’il règle au mieux les devoirs de la nature mais il est aussi tout surnaturel, parce qu’il a été enseigné de Dieu à Adam puis à Moïse. Néanmoins il a, dans l’économie du Salut, la caractéristique d’un moyen pour arriver au Ciel et non d’une fin en soi. L’homme, en effet, n’a pas été créé pour demeurer dans la mesure du naturel, Dieu l’ayant destiné à une fin supérieure, qui est la participation au bonheur de Dieu par la contemplation claire de Son essence même.

Dieu ne nous tente jamais au-delà de nos forces

Ces considérations pourraient en première analyse nous suffire pour obéir à la loi de Dieu, d’autant que les commandements de Dieu ne sont pas pénibles quand on les rapporte à la valeur de cette fin surnaturelle et que Dieu ne permet jamais nous nous soyons tentés au-delà de nos forces de les enfreindre :

  • d’abord, comme le relève saint Jean, « L’amour que nous avons pour Dieu consiste à garder ses commandements ; et ses commandements ne sont point pénibles [1 Jn., V, 3.] » ;
  • ensuite, comme rappelle saint Paul, « Dieu est fidèle, et il ne souffrira pas que vous soyez tentés au delà de vos forces [9]. »

Le catéchisme du concile de Trente y insiste :

« Le Pasteur disposera d’un moyen très puissant pour obtenir ce qu’il demande ici, s’il a soin de bien montrer que l’observation des Commandements de Dieu est d’une nécessité absolue. Et il insistera d’autant plus sur ce point qu’aujourd’hui il ne manque pas d’hommes, qui ne craignent pas de soutenir, pour leur malheur, que cette Loi, facile ou difficile, n’est pas nécessaire au salut. Pour réfuter cette doctrine impie et criminelle, il n’aura qu’à invoquer le témoignage de la Sainte Écriture, et particulièrement de ce même Apôtre sur l’autorité duquel on s’efforce d’appuyer cette erreur funeste. Que dit en effet l’Apôtre : “Il importe peu d’être circoncis, ou incirconcis, ce qui est absolument nécessaire, c’est l’observation des Commandements de Dieu [10].” »

Ainsi l’enseignement de la Foi catholique sur la question de la loi naturelle est double :

  • d’une part, Dieu est bien l’auteur de la loi naturelle et tous sont tenus à l’obéissance à cette loi nécessaire au salut ;
  • d’autre part, bien que Dieu ne nous tente jamais au-delà de nos forces, il est absolument impossible à l’homme, sans la grâce actuelle, d’obéir autrement que très superficiellement aux commandements de Dieu.

L’homme étant incapable par ses seules forces de passer du naturel au surnaturel, la grâce — moyen surnaturel — lui est absolument nécessaire pour faire son salut

Comme le fait remarquer le père Emmanuel dans l’ouvrage [11] qu’il a consacré à la question et qui est devenu une référence :

« Dans la foi seule, l’homme peut trouver l’explication de sa nature. Preuve avec tant d’autres que la nature a été et demeure créée pour une fin surnaturelle.

« L’état de nature, c’est-à-dire l’état d’homme créé à l’état purement naturel, sans grâce comme sans péché, est un état qui n’a jamais existé. L’humanité n’a jamais été qu’avec la grâce, ou déchue de la grâce, et par suite en état de péché. [12] »

Ainsi, bien que la loi naturelle soit l’œuvre de Dieu, — ce qui lui confère, nous l’avons vu, un caractère surnaturel, — l’homme n’a pas été créé pour demeurer dans un cadre naturel.

Il est de foi catholique que le passage du naturel au surnaturel est impossible à la créature : l’ange ne peut pas davantage y parvenir que l’homme. L’ange comme l’homme ont donc reçu de Dieu, avec la fin surnaturelle qu’Il leur assigne, les dons surnaturels sans lesquels même la nature angélique n’aurait pas pu l’atteindre.

Saint Thomas [13] affirme que ni les facultés du corps, ni celles de l’âme ne peuvent atteindre l’essence divine. Si l’homme avait une puissance naturelle de voir Dieu, Dieu lui serait en effet en quelque sorte soumis. Si l’homme arrive à la vue de Dieu, c’est que Dieu aura bien voulu Se révéler à lui, lui donnant pour cette fin un moyen surnaturel qui s’appelle la grâce.

S’il met résolument — à juste titre — l’accent sur la nécessité pour le salut d’obéir aux commandements de Dieu, le cardinal Sarah oublie de lire, comme la Foi catholique nous y oblige pourtant, cette obligation à la lumière de la nécessité, tout aussi absolue, de la grâce actuelle [14].

Le père Garrigou-Lagrange résume bien cette difficulté :

Aussi le Concile de Trente nous dit-il, en employant les termes mêmes de saint Augustin : « Dieu ne commande jamais l’impossible, mais en commandant il nous dit de faire ce que nous pouvons, de demander ce que nous ne pouvons pas, et il nous aide pour que nous le puissions » [15] ; il nous aide même par sa grâce actuelle à prier. Il y a donc des grâces actuelles que nous ne pouvons obtenir que par la prière [16].

On ne saurait trop insister sur ce point, car beaucoup de commençants, imprégnés à leur insu de naturalisme pratique, comme l’étaient les pélagiens et semi-pélagiens, s’imaginent qu’avec de la volonté et de l’énergie, même sans la grâce actuelle, on peut arriver à tout. Bientôt l’expérience leur montre la vérité profonde de la parole de Notre-Seigneur : « Vous ne pouvez rien faire sans moi. » [17], et de ces mots de saint Paul : « C’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire. » [18] et donc il faut lui demander la grâce actuelle pour observer, et observer de mieux en mieux les commandements, surtout le précepte suprême de l’amour de Dieu et du prochain [19].

Les opinions exprimées par l’aile libérale puissamment représentée au synode semblent entachées de naturalisme

Ayant relevé que l’aile dite « conservatrice » du synode avait peut-être insuffisamment mis l’accent sur la nécessité absolue de la grâce de Dieu pour obéir à la loi naturelle, penchons-nous sur le rapport à cette même loi naturelle du parti progressiste : c’est ici plutôt dans l’articulation de la loi naturelle avec la vertu de charité qu’on peut situer les balbutiements des prélats du camp « européen ».

La première et nécessaire conséquence de la désobéissance à la loi de Dieu est, comme nous l’avons vu, la perte de la grâce et au premier chef de la principale des grâces qu’est la vertu de charité. Déchu de la charité qui le porte à aimer Dieu par dessus tout, l’homme peut conserver pourtant, dans cet état, la vertu de foi et donc l’inclination, qui lui est naturelle, d’aimer Dieu, ainsi que, plus généralement, l’amour du bien en général.

Le catholique moderne qui désobéit à la seconde table du Décalogue se trouve très probablement exactement dans ces dispositions. Il est dans le péché mortel et, pourtant, il conserve les inclinations naturelles à aimer Dieu et le bien en général. Pour reprendre la formulation du père Emmanuel :

« Cet état, devant Dieu, est le péché mortel, mais on ne l’aperçoit pas : les inclinations naturelles restent, on les aperçoit, on s’en contente, et l’on se fait croire que Dieu s’en contentera aussi. On se dit à soi-même : je n’en veux point à Dieu, je sais qu’Il est bon ; je l’aime par inclination ; comment Dieu pourrait-il m’en vouloir, puisque je ne lui en veux pas ? Serait-il moins bon que moi ? [20]. »

La position des partisans, au sein du synode, d’un acquiescement par l’Eglise à une banalisation de la désobéissance manifeste à la loi de Dieu s’explique ainsi par leur refus d’admettre la doctrine catholique sur l’origine divine de notre nature, que vient pourtant nous rappeler la honte qui surgit spontanément chez nous lorsque nous désobéissons aux commandements de Dieu. Cette attitude revient nécessairement à tenir pour rien la Rédemption de Notre Seigneur Jésus-Christ, notre baptême et les autres sacrements qu’Il a institués pour notre salut [21].

Le puissant parti moderniste, au sein de l’Église, est ainsi sans aucun doute possible coupable de naturalisme [22], cette hérésie par laquelle l’homme en considérant la nature refuse sa finalité, c’est-à-dire la vie surnaturelle de la grâce pour laquelle elle est faite. Le naturalisme substitue chez l’homme à la recherche de l’amitié de Dieu la recherche du contentement fourni par la nature qui le pousse à la concupiscence.

Les tenants du naturalisme ne nient pas en bloc l’utilité de Décalogue, mais prétendent y faire le tri inspiré par l’idée qu’ils se font de la nature pour reformuler, en quelque sorte, un nouveau code de morale dont l’autorité ne reposerait que sur la concupiscence des hommes.

Les extrêmes se rejoindraient-ils, poussés l’un comme l’autre par un péché d’orgueil ?

L’erreur des uns, qui se croient foncièrement supérieurs aux autres à la manière des protestants, ne les place-t-elle pas dans une situation voisine, au plan spirituel, de celle de ceux qui croient que l’inclination à aimer Dieu et le bien en général peut remplacer l’obéissance à la loi de Dieu sans Lui déplaire ? Sans renvoyer les deux partis exactement dos à dos, on peut discerner chez eux un point commun d’une banalité assez intemporelle, auquel pousse sournoisement chacun d’entre nous, en exploitant habilement nos points faibles, le Prince de ce monde.

Les prélats africains, qui versent parfois dans un localisme triomphaliste sous-entendant une supériorité de l’homme africain sur l’européen, semblent faire peu de cas du caractère général de notre incapacité à obéir à la loi naturelle sans la grâce. Les Européens, qui ne se cachent plus guère de faire le tri dans la loi de Dieu pour n’y conserver que ce qui les arrange, tombent dans un travers différent mais qui rejoint le premier sur un plan essentiel : dans un cas comme dans l’autre en effet, c’est bien l’orgueil qui est à l’œuvre, source de tous nos péchés et souverainement déplaisant à Dieu, quels que soient les canaux qu’il nous fait emprunter.

Le Souverain Pontife, qui a très sagement fait preuve de retenue au moment de la conclusion de ce synode malencontreusement piloté, a judicieusement souhaité mettre en exergue de l’Année sainte qu’il a proclamée pour 2016 l’encouragement à fréquenter le sacrement de Pénitence. Il est à souhaiter que tous les pasteurs, illustres ou inconnus, qui ont dans l’Église universelle la charge du salut des âmes exécutent avec zèle cette injonction. Si elle était appliquée, elle ferait en effet bien davantage pour guérir les blessures qui nous sont infligées par notre inclination à désobéir à l’ordre naturel que ne l’ont fait toutes les discussions oisives qui se sont succédé sur ce sujet pourtant fort simple, depuis le Concile jusqu’au moment du synode.

Car l’ordre naturel, s’il a bien une origine surnaturelle, est appelé à laisser un jour la place à la Jérusalem céleste que Dieu à assignée à chacun d’entre nous comme fin surnaturelle. De ce jour-là, lorsque nous aurons rendu compte devant Notre Seigneur Jésus-Christ, dans notre jugement particulier, de la manière dont nous L’aurons aimé ici-bas, il n’y aura plus de désobéissance à la loi naturelle, puisque aussi bien celle-ci régit notre condition dans l’ordre de la Chute. Et dans ce jugement, si par malheur l’orgueil nous portait, soit à confondre cette fin et les moyens d’y parvenir, soit à faire parmi ces derniers le tri de ce qui nous arrange, nous aurions peut-être lieu de le regretter amèrement. Prions donc Sa Très Sainte Mère de nous mettre dans les dispositions convenables pour méditer notre fin mieux à propos, tant qu’il en est encore temps.


[1le texte intégral de l’intervention du cardinal Sarah a été cité (en anglais) par Diane Montagna sur le site Aleteia le 13 octobre 2015.

[2Concile de Trente, Sess. V, can. 1.

[3Il s’agit ici, non d’une impuissance physique ou absolue, mais d’une impuissance morale, qui peut être surmontée, quoique très difficilement.

[4On sait que dans l’état d’innocence, l’homme pouvait opérer par lui-même tout le bien naturel ; mais il ne le peut moralement dans l’état de déchéance.

[5Cf. Ro., VII, 18, 19.

[6Summa theol., Secunda pars, n° 99, tertia pars, N0 59 et 64.

[7Catéchisme du concile de Trente, Troisième partie : du Décalogue — Chapitre vingt-huitième — Des Commandements de Dieu en général.

[8Catéchisme du concile de Trente, Troisième partie : du Décalogue — Chapitre vingt-huitième — § II. Dieu auteur du Décalogue.

[91 Co., X, 13 ;

[101 Co, VII, 19.

[11Père Emmanuel, Le naturalisme, Dominique Martin Morin éd., 1998

[12Père Emmanuel, Ibid., pp. 8-9.

[13Summa theol., Ia, IIae, q. V, a. 1 et 5.

[14L’articulation de la grâce actuelle avec notre capacité à obéir à la loi de Dieu est tellement fondamentale qu’il peut être utile de bien comprendre son rôle exact. La grâce est un don surnaturel ou un secours que Dieu nous accorde par sa pure bonté gratuitement (Catéchisme à l’usage des Diocèses de France, nouvelle édition revue et corrigée, 1947, 1826), pour notre sanctification (ibid., 1857)], à cause des mérites de Jésus-Christ, pour nous aider à faire notre salut.

Il y a deux sortes de grâces : la grâce habituelle ou sanctifiante, et la grâce actuelle.

La grâce habituelle ou sanctifiante est une grâce, ou un don de Dieu (ibid., 1888), qui demeure en nous, nous purifie de nos péchés (ibid., 1866), et qui la rend juste, sainte et agréable aux yeux de Dieu et, ainsi, digne de la vie éternelle (ibid., 1889)].

Elle nous rend enfants de Dieu, frères de Jésus-Christ et héritiers du Ciel (ibid., 1930).

Nous ne pouvons, sans le secours de la grâce de Dieu (ibid., 1850), croire et pratiquer… (ibid., 1855), observer [comme il faut 1866] les Commandements de Dieu et de l’Église, éviter le péché, pratiquer la vertu (ibid., 1826), ni mériter le ciel (ibid., 1888), puisqu’aussi bien Notre Seigneur Jésus-Christ a dit dans l’Évangile que sans lui nous ne pouvons rien faire (Jo. XV, 5). (ibid., 1882]).

La grâce habituelle ou sanctifiante est une grâce [un don de Dieu (ibid., 1888), qui demeure en notre âme, nous purifie de nos péchés (ibid., 1866) et qui la rend juste, sainte et agréable aux yeux de Dieuet ainsi digne de la vie éternelle (ibid., 1889).

Elle nous rend enfants de Dieu, frères de Jésus-Christ et héritiers du Ciel (ibid., 1930).

C’est ordinairement dans les Sacrements que nous recevons la grâce sanctifiante (ibid., 1866).

On perd la grâce habituelle ou sanctifiante en commettant un péché mortel, et un seul péché mortel suffit pour nous en priver.

Quand on a perdu la grâce sanctifiante on peut la recouvrer principalement par le Sacrement de Pénitence ou par la Contrition parfaite. (ibid., 1866).

La grâce actuelle est un secours particulier (ibid., 1888), surnaturel et passager (ibid., 1826), intérieur (ibid., 1925)] que Dieu nous donne, au moment où nous en avons besoin et par lequel Dieu éclaire notre esprit et touche notre cœur, pour nous exciter et nous aider à faire le bien et à éviter le mal.

Dieu nous donne la grâce actuelle toutes les fois que nous en avons besoin et que nous la lui demandons comme il faut.

Les moyens ordinaires pour obtenir (du moins (ibid., 1878) la grâce sont la Prière, les Sacrements mais aussi le saint Sacrifice de la messe (ibid., 1877)].

[15Session VI, ch. XI (Denzinger, 804).

[16Cf. Catéchisme du Concile de Trente, IV°’p. c. I, n° 3.

[17Jn., XV, 5.

[18Ph., II, 13.

[19Garrigou-Lagrange, Réginald Fr., Les trois âges de la vie intérieure - p. I, La vie intérieure, ses sources et sa fin — La nécessité de la grâce actuelle.

[20Père Emmanuel, Le naturalisme, op. cit., p 33.

[21Comme le dit le père Emmanuel : « Imaginez un malade. Il est tombé, le voilà meutri par sa chute, brûlé par la fièvre, dévoré par une soif que rien ne peut apaiser.

« Un médecin arrive et lui dit : la soif qui vous dévore, la fièvre qui vous brûle, la douleur de ce que vous appelez vos plaies, tout cela n’est qu’un effet de votre imagination, travaillée par des préjugés d’enfance. Dépouillez-vous de tout ce bagage ; nous travaillerons ensuite à vous faire connaître, estimer et suivre la nature. Ses aspirations sont justes et bonnes ; le développement de vos facultés natives vous en convaincra de plus en plus. Ne dites pas que vous avez des plaies ; ne croyez pas à ce que vous appelez de la fièvre ; quant à cette soif, nous avons des calmants… Vous n’êtes pas malade ! » (Le naturalisme, op. cit., pp 10-11).

[22Encyclopédie catholique, 1907-1915, Naturalisme : « Le naturalisme n’est pas tant un système spécifique qu’un un point de vue ou une tendance commune d’un certain nombre de systèmes philosophiques et religieux ; ni tant un ensemble bien défini de doctrines positives et négatives qu’ une attitude ou un esprit omniprésent influençant de nombreuses doctrines. Comme son nom l’indique, cette tendance consiste essentiellement en la recherche de la nature comme source originale et fondamentale de tout ce qui existe, en essayant de tout expliquer en termes de nature. Soit les limites de la nature sont aussi les limites de la réalité existante, soit elles sont au moins la cause première si son existence est trouvée nécessaire ; elle [la nature] n’a rien à voir avec le fonctionnement des agencements naturels. Tous les événements, donc, trouvent leur explication adéquate au sein de la nature elle-même.

« Mais, comme les termes nature (qv) et naturel sont eux-mêmes utilisés dans plus d’un sens, le terme naturalisme est également loin d’avoir un sens fixe.

« (I) Si la nature est entendu dans le sens restreint de physique ou matériel, la nature, le naturalisme serait la tendance à regarder l’univers matériel comme la seule réalité, pour réduire toutes les lois à des uniformités mécaniques, et pour nier le dualisme de l’esprit et la matière. Les processus mentaux et moraux ne seront que des manifestations spéciales de la matière rigoureusement régie par ses lois.

« (II) Le dualisme de l’esprit et de la matière peut être admis, mais seulement comme un dualisme de modes ou apparences de la même substance identique. La nature comprend des phénomènes multiples et un substrat commun des phénomènes, mais pour son cours réel et son ultime explication, cela ne nécessite aucun principe distinct de lui-même. Dans cette hypothèse, le naturalisme nie l’existence d’une cause transcendante du monde et cherche à donner un compte rendu complet de tous les processus par le déploiement des puissances essentielles à l’univers en vertu des lois qui sont nécessaires et éternelles.

« (III) Finalement, si l’existence d’une Première Cause transcendante, ou Dieu personnel, est admise comme la seule explication satisfaisante du monde, le Naturalisme revendique que les lois dirigeant l’activité et le développement d’êtres irrationnels et d’êtres raisonnables n’ont jamais interféré. Il nie la possibilité, ou au moins le fait, de n’importe quelle intervention transitoire de Dieu dans la nature et de n’importe quelle révélation et d’ordre surnaturel permanent pour l’homme.

« Ces trois formes ne sont pas mutuellement exclusives ; ce que la troisième nie, la première et la deuxième, a fortiori, le nieraient aussi ; toutes sont d’accord pour rejeter toute explication qui aurait recours à des causes hors de la nature. Les raisons de cette négation – c’est-à-dire les vues philosophiques de la nature sur lesquels elle est fondée – et, en conséquence, la mesure pour laquelle les explications dans la nature elle-même sont tenues pour suffire, varient grandement et constituent des différences essentielles entre ces trois tendances. »

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