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Sans vie ni Justice, la souveraineté n’est rien

La saisine de la CEDH dans l’affaire Vincent Lambert nous interroge doublement sur la place et le rôle du droit en France.
Car enfin, lorsque le Conseil d’Etat doit attendre la décision d’une juridiction supranationale, la souveraineté et l’indépendance de notre pays signifient-elles encore quelque chose ?
Et pourtant, est-il juste de défendre la souveraineté de nos juges nationaux et de nos lois françaises, alors que ces mêmes juges condamnent un homme à mourir de faim et de soif  ?

Une souveraineté à reconquérir

Il faut défendre la nation française et sa souveraineté face aux ingérences, aux influences étrangères, aux agressions supranationales et transnationales.
Qu’elles se nomment Union Européenne, Conseil de l’Europe ou OTAN, ces entreprises ne nous disent rien de bon.
Il n’est plus à démontrer que l’existence des ces institutions, assemblées ou cours de justice participent d’un mouvement de dépossession des nations de leurs prérogatives. Ainsi que le souligne Christophe Beaudouin, « qu’il s’agisse de l’économie, du droit ou des valeurs, le Politique a lâché le gouvernail. Il l’a cédé à des autorités techniciennes transnationales ». La France doit évidemment revenir sur le chemin de la souveraineté.
De surcroit, ne confessant ni la foi des Droits de l’Homme ni l’amour du Conseil de l’Europe, votre serviteur verrait d’un bon oeil la suppression pure et simple de la Cour européenne des droits de l’Homme et de la Convention qui lui sert de support.

Mais faut-il défendre à tout prix et en toutes circonstances la prééminence absolue des institutions nationales ?

L’affaire Vincent Lambert, à ce propos, est à double tranchant.

Si l’on se préocuppe de la seule souveraineté, l’intervention de la CEDH est agaçante, puisqu’elle use de sa prééminence sur les juridictions nationales (ici, la juridiction administrative suprême, à savoir le Conseil d’Etat). Cela n’a rien d’étonnant . Cette dépossession de souveraineté n’en est pas moins scandaleuse : les juges chargés d’appliquer le droit français voient leur travail parasité par un « gouvernement des juges » à l’échelon supranational.

A quoi bon la souveraineté sans Justice ordonnée à la Loi naturelle ?

Mais s’il faut défendre le principe de la souveraineté, rappelons-nous que celle-ci n’est rien sans la Justice. De même, le pouvoir légal n’a plus de légitimité s’il cesse de poursuivre sa tâche essentielle : assurer le Bien commun.
Quant à la loi, Saint Thomas déclare qu’elle « n’a de valeur que dans la mesure où elle participe à la justice. Or dans les affaires humaines, une chose est dite « juste » du fait qu’elle est droite, conformément à la règle de la raison. Mais la règle première de la raison est la loi de nature […] Partant, toute loi portée par les hommes n’a valeur de loi que dans la mesure où elle dérive de la loi de nature. Si elle dévie, en quelque point, de la loi naturelle, ce n’est déjà plus une loi, mais une corruption de la loi. » (Somme théologique, 1A-2AE, La Loi, Question 95).

Chacun aura compris qu’ici, tout fondement légal permettant la mise à mort – par famine et déshydratation – de Vincent Lambert est en fait illégitime.
Sans respect de la loi naturelle, la prétendue justice française, aussi nationale soit-elle, s’effondre comme un château de cartes.
Lorsqu’elle se déploie ainsi, en bras juridictionnel de la culture de mort, à quoi bon défendre la prééminence de cette justice corrompue ?
Et si demain le pays légal recouvre son indépendance mais continue son œuvre mortifère de destruction de la civilisation, nous serons bien avancés.

Si le combat pour la souveraineté demeure crucial, la défense des décisions iniques du Conseil d’Etat - véritable Créon juridictionnel - au mépris de tout respect envers la loi naturelle n’a décidément aucun sens.

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