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Il devient assez difficile, par les temps qui courent, de parler d’autorité, notion résistant mal à toutes les tentatives de destruction programmée orchestrées depuis des décennies. Il est vraiment ironique que ceux qui la dénoncent le plus soient les premiers à en abuser lorsqu’ils sont au pouvoir. Cela est si vrai que l’autorité a quitté l’État depuis longtemps, pour laisser derrière elle le seul pouvoir d’entraver, la violence qui viole donc sans cesse chaque Français.
Le véritable pouvoir provient de l’autorité, et un pouvoir sans autorité devient une pure violence, un totalitarisme de tous les instants. Toute la beauté de l’autorité est qu’elle ne peut pas se décréter, et les temps modernes prouvent qu’une autorité sans transcendance se délite à la longue et devient en fin de compte une pure violence totalitaire.
Cette notion est vraiment complexe et je n’ai point la prétention de l’épuiser. Je tiens simplement à évoquer une simple conviction : il faut que l’autorité soit à la fois personnelle et incarnée.
Le drame de notre pays est d’avoir cru que l’autorité pouvait ne pas être personnelle. L’État est ainsi devenu une sorte d’idole personnifiée possédant toute autorité. Dès ce glissement fatidique, l’autorité devenait synonyme de pouvoir entravant. Il est d’ailleurs symptomatique que l’on ne parle jamais de l’autorité du peuple en démocratie, l’autorité étant étrangère tant aux machines qu’aux masses. Le souverain est d’abord celui qui possède l’autorité suprême, et donc le sens profond de mot devrait dès le départ inviter à réfléchir ceux qui peuvent encore être assez naïfs pour croire superstitieusement à la souveraineté du peuple… Un souverain sans autorité : quel bel oxymore ! Pis : un souverain qui donnerait son autorité, quelle absurdité ! L’autorité ne se concède pas ; elle rayonne : Dieu rayonne par son autorité dont le roi est un miroir en répandant la lumière jusqu’au fin fond des abysses du cœur humain.
L’autorité n’est pas un pouvoir entravant, c’est au contraire une force chaleureuse et spirituelle qui emporte le cœur des hommes plus qu’il ne le contraint. L’autorité sans sacré est une chose assez étrange, que nous montre notre siècle, et rejetant l’autorité vers le simple pouvoir de la force. L’autorité – tout au contraire – peut faire plier une armée par une simple parole, sans aucun lien avec une force réelle. L’autorité réelle – l’autorité divine – est source de tous les pouvoirs, même si elle ne possède aucune force. C’est là toute son extraordinaire beauté.
Pour cette raison même, aucune nation, aucun pays n’a réussi à supprimer complètement la personne humaine malgré les discours et les volontés de faire de l’État une sorte de monstre idéal, sans personnalité, source d’une autorité artificielle et absolue, sans racines, auquel tous devraient impérativement se soumettre : chaque État a pourtant à sa tête un homme, dégénérescence du roi sacré. Un grand malheur fut que, par le passé, l’État – faible dans ses pouvoirs d’entrave – utilisait le côté naturellement spirituel des hommes afin de convertir le bon respect de l’autorité due à son roi, à son chef, à autrui, en un respect bête et méchant de l’État… Le pire exemple fut certainement celui montré par ces hommes qui possédaient une certaine autorité et qui, malgré leurs bonnes intentions pavant l’Enfer, ont contribué à faire de l’État une idole en reportant l’amour qui leur était destiné en direction de l’État. Cette tendance, qui se traduit par le nationalisme moderne entre autres, est un drame poussant les hommes à mourir pour des idées et non plus pour des personnes. Auparavant, on se sacrifiait volontiers pour sa famille, son seigneur ou son roi. Maintenant, on ne meurt même plus pour la France, ce qui était déjà une déviation du principe, mais pour cette satanée raie publique – en fait, on ne meurt même plus pour elle, depuis plusieurs décennies… c’est dire la vitesse vertigineuse à laquelle progresse la décadence ! Beau gâchis. Si ce n’est mourir, c’est du moins servir quelque chose qui rend forcément dépendant : face à un homme, il est toujours possible de garder un recul humain, recul qui permet de distinguer bons et mauvais actes. Face à une idée, rien de tout cela : quelles que soient les horreurs induites dans la réalité, l’idée ne peut jamais être autre chose qu’un monolithe froid, abstrait, hypnotiseur, sans chaleur, ne donnant ni ne demandant le pardon, et pouvant toujours être excusé des horreurs qu’il fabrique.
Il est en fait assez absurde de pouvoir aimer l’État. On peut aimer une personne ; on peut aimer son roi et mourir pour lui. Mourir pour une idée est vraiment quelque chose de terriblement inhumain ; tuer pour une idée devient carrément monstrueux. Le roi et son autorité divine rappellent à chaque instant la réalité chaleureuse du pouvoir et, par son incarnation, que la fin de tout acte doit être l’homme. Plus de blanc, plus de noir, plus de monolithe, mais une autorité divine par l’intermédiaire d’un homme pécheur qui demande pardon quand il faute, et qui aime – sans compter – son peuple.
La machine de l’État reste subalterne et outil de l’homme. Le roi en fait usage pour les hommes. Sans la présence et l’autorité incarnée de ce dernier, l’État devient un cancer proliférant sans limites et dont la froide logique dévore tout ce qu’il y a d’humain. Mais cela n’est qu’une illusion. Ce n’est pas l’État qui dévore les gens, mais les personnes qui violent sans cesse ceux qui croient que cette violence est une autorité juste. Quelle terrible dégradation de l’humanité, persécutée sans cesse, les justes trompés ayant l’esprit assez brouillé pour accepter une fausse autorité…
L’autorité n’a pas bougé et ne bougera pas. Elle demeure là-haut, et rayonne toujours par son roi et son sacre, démultiplicateur de sa force lumineuse. Elle rayonne aussi par tous ceux qui se laissent toucher par sa lumière. Depuis que les diablotins, bien tristes, ont tué le roi et l’ont éloigné de sa place au plus haut de la Terre, la France a perdu son Soleil, son autorité chaleureuse. Notre pays se perd donc dans une obscurité ponctuée de vers luisants – pâles imitations du Soleil – qui, au départ bien faibles, encourageaient malheureusement les justes à regarder par terre, vers le bas, jusqu’à leur faire oublier de relever la tête vers le Ciel et vers le roi. Depuis, ces vers luisants ont grandi et sont devenus si forts qu’ils terrifient le monde, sans plus cacher leur jeu. Là-dedans, l’État – que certains amalgament avec la France – fait office de maison vide, de nouvelle idole. Les gens prennent la maison pour le maître alors qu’elle n’est rien d’autre qu’une simple carcasse vide – d’autant plus qu’il n’y a guère de maître… Sauf que, les années passant, cette maison désincarnée s’est dotée des meilleurs systèmes de contraintes. De là, le chaleureux cocon familial est devenu une terrible prison. Le père, expulsé il y a longtemps par le fils prodigue, contemple le sort de ses enfants subissant les tourments de cette prison et prenant leurs matons tortionnaires pour leurs pères… à cause du faible souvenir qu’ils ont de la bonté du père d’antan, souvenir tellement effiloché qu’il n’en reste plus qu’une bête soumission…
À quand le réveil de ces prisonniers qui retrouveront alors leur Soleil et reconstruiront un foyer sur les cendres de cette froide et cruelle prison ?
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