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« Le libéralisme est un péché » : un appel à la vigilance [Partie III]

Pentes par lesquelles un catholique glisse le plus ordinairement dans le libéralisme

L’auteur est formel, ce sont les mauvaises inclinations du cœur qui mènent au libéralisme : « L’homme devient libéral par suite d’un désir naturel d’indépendance et de vie facile. Le libéralisme est nécessairement sympathique à la nature dépravée de l’homme, autant que le catholicisme lui est contraire dans son essence même. Le libéralisme est émancipation, et le catholicisme est frein. Or, l’homme déchu aime par une certaine tendance très naturelle un système qui légitime et sanctifie l’orgueil de sa raison. » Les causes de ces envies sont toujours d’une incroyable actualité : la corruption des mœurs : « La franc-maçonnerie l’a décrétée et son programme infernal s’accomplit à la lettre ; spectacles, livres, tableaux, mœurs publiques et privées, on s’efforce de tout saturer d’obscénité et d’impureté. […] D’une génération corrompue sortira nécessairement une génération révolutionnaire » ; le journalisme : « L’influence exercée sans relâche par les si nombreuses publications périodiques que le libéralisme répand de toute part est incalculable » ; l’ignorance des masses en matière de religion : « C’est au point qu’une partie de notre nation, chrétienne par le baptême, ne connaît pas plus sa religion que celle de Mahomet ou de Confucius. On s’efforce en outre de lui éviter toute relation obligatoire avec la paroisse, par l’institution du registre civil du mariage civil, de la sépulture civile ; le but évident de ces mesures est de l’amener à la rupture de tout lien entre l’Église et lui. C’est un programme séparatiste complet. Dans son unité de principe, de moyens et de fin, il est facile de reconnaître la main de Satan. »

L’auteur admet ensuite que les limites de son ouvrage ne sauraient contenir l’ensemble des moyens d’infestations libérales, notre époque en compte de nombreuses en plus : la mondialisation et l’économie de marché apatrides, l’indifférentisme en matière d’engagement politique, social ou religieux, les médias élargis à un empire de la communication fait de millions de télévisions, sites internets, radios et qui participe à la prolifération d’idées fausses, de la pornographie, marquant le règne incontesté du libéralisme sur nos sociétés.

Y a-t-il ou peut-il y avoir dans l’Église des ministres de Dieu attaqués de l’horrible contagion du libéralisme ?

La propension de notre époque, y compris chez les catholiques les plus fervents, à exclure du plan diabolique prêtres, évêques et papes, est symptomatique d’un processus que l’on appelait hier ultramontanisme, revisité de nos jours au travers d’un néologisme parlant de lui-même : la papolâtrie, soit l’érection au rang de dogme du moindre hoquet d’un dignitaire de l’Église. Pourtant face à des cas sérieux de prêtres entachés de l’hérésie la plus sournoise comme le sinistre Joseph Moingt, une question se pose : doit-on considérer et accepter l’idée que des ministres de Dieu puissent être à un moment ou à un autre pétris des erreurs condamnées par le Magistère ? Don Félix interpelle le lecteur : « une seule hérésie s’est-elle élevée et propagée sans le secours d’un ecclésiastique ? » Suit alors une énumération consistante des hérésiarques ayant marqué l’Histoire de l’Église et dont les noms résonnent encore comme celui des sorcières des chansons de geste : Novatien, Mélèce, Tertullien, Arius, Nestorius, Sergius, Wicleff (un curé anglais précurseur de Luther), et tant d’autres que, de même, les limites imposées à l’article ne sauraient tous contenir.

La réponse à la question susvisée est donc un oui sans tâche : « Il est donc avéré que, depuis Judas jusqu’à l’ex Père Hyacinthe, la race de ministres de l’Église traîtres à leur chef et vendus à l’hérésie se continue sans interruption, qu’à côté et en face de la tradition de la vérité, il y a, dans la société chrétienne, la tradition de l’erreur, qu’en opposition avec la succession apostolique des bons et fidèles ministres, l’enfer possède une succession diabolique de ministres pervertis. » L’auteur conclut, citant l’Apôtre : « il faut qu’il y ait des hérésies afin qu’apparaissent parmi vous ceux qui sont à l’épreuve. » Tous les fidèles de la Mère Église ne relèvent visiblement pas le défi, nous conviant ainsi à la vigilance et à la correction fraternelle.

Conclusion

La suite de l’ouvrage reprend un certain nombre de questions-réponses sur fond de cas particuliers que nous n’aborderons pas ici. Si tous les aspects de l’opuscule n’auront pu être abordés dans ces quelques pages, nous aurons voulu restituer l’essentiel du propos impérissable de Don Félix Sarda y Salvany avec honnêteté et complétude.

Sa réactualisation est un don précieux tant sur le plan philosophique que religieux et mérite de la part de chaque catholique une étude sérieuse quant au premier vice qui ronge nos sociétés, le libéralisme, dont le socialisme, l’anarchisme, le trotskisme, le fédéralisme, ne sont que les innombrables et éparses ramifications procédant toutes de lui. Par la surévaluation d’un état, la liberté, au sommet d’une pyramide des valeurs nées dans des esprits irréligieux dont nous ne voulons plus, les hommes ont rencontré le pire démon qu’ils pouvaient découvrir : eux-mêmes, face à leurs avidités, leurs égoïsmes, leurs vanités, leurs imaginations démesurées venant à penser des systèmes destructeurs pour l’humanité entière.

Le libéralisme est la triste mère des révolutions, elle a animé de haine et d’orgueil les français successivement de la révolution de 1789 à celle de 1870, en laissant croire que l’homme-individu était plus puissant que son état de nature, que la force d’un peuple ne résidait pas dans son unité autour d’un tronc commun comme le furent le Trône et l’Autel mais dans les libres assouvissements des passions et des ambitions personnelles. Enfin, le libéralisme est la ruine de la Religion en ce sens qu’il autorise les interprétations et les dérogations, les désobéissances occasionnelles devenant systématiques, puisque l’exception devient toujours la règle. Le curetage de la règle générale à coup de gourdin positiviste l’a déjà anéantie, engendrant comme il a été mentionné plus haut, l’athéisation occidentale dans des proportions peut-être irréversibles (la fin du salut des âmes), la ruine des modes de vies traditionnels, ruraux et fraternels, la mort des charités organiques au profit seul des travaux rémunérés toujours préférés dans la société libérale, la prolifération des fausses religions conquérantes s’insinuant dans le corps social de l’Occident chrétien, et tant d’autres drames déjà rappelés plus haut. Soyons vigilants. La peste rouge a mis et met encore aujourd’hui en dangers les corps, mais ô combien le libéralisme met en danger aujourd’hui les âmes.

lysenfleur
« Dit-il que oui ? C’est imposture.
Dit-il que non ? C’est vérité.
Ce qu’il appelle iniquité
Tu le tiendras pour vertu pure !
Tel que de son ire il poursuit,
Sois-en sûr est un honnête homme ;
Mais avec soin évite, en somme,
Quiconque est adulé par lui.
Si cela tu fais à propos
Bien tu le sauras mot pour mot. »

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